La Libération les propulse dans l’éphémère mais profonde agitation suscitée par l’espoir de changer la société. Pour les deux, activités de journalistes et de militants. Jean-Toussaint Desanti enseigne en khâgne pendant une courte période au lycée de Clermont.
Jean-Toussaint Desanti est successivement professeur de philosophie à Saint-Quentin (1945) et Chartres (1946), villes détruites par les bombardements. En même temps, il continue à tenir des réunions politiques à peu près tous les soirs.
En 1948, Jean-Toussaint Desanti est nommé professeur au lycée Lakanal... Retour à Paris.
La guerre froide (annoncée par Churchill à l’université de Fulton en 1946 : « un rideau de fer est tombé au milieu de l’Europe ») commence. Est et Ouest sont désormais séparés. Le Parti communiste n’est plus seulement une force d’opposition, mais une espèce de « contre-société » ayant ses lieux culturels, son université nouvelle, ses écoles de cadres, ses « batailles du Livre ». Le bloc soviétique a lancé le Mouvement de la Paix, précédé en août 1948, à Wroclaw en Pologne, par un « Congrès mondial des intellectuels pour la paix et la libre circulation des idées ». Pour faire comprendre que le « réalisme socialiste » s’appliquait également à l’Occident (où le PCF avait pour membres Picasso, Aragon, Eluard, Tzara, Francis Ponge), le chef de la délégation soviétique traita Sartre de « hyène dactylographe ». Jean-Toussaint Desanti n’ose refuser d’entrer au comité de rédaction de La Nouvelle Critique, revue de combat, dont le rédacteur en chef intitulera l’un de ses articles « Science bourgeoise, science prolétarienne ».
En 1950, l’insistance amicale et ferme de Gaston Bachelard obtient pour Jean-Toussaint Desanti un détachement de deux ans au CNRS. Mais il s’ennuie, et le contact des étudiants lui manque.
En 1952 il retourne aux classes préparatoires du lycée Saint Louis.
Jean-Toussaint Desanti se partage dès lors entre l’enseignement et l’activité militante. En 1956, l’année même du « rapport secret » sur les crimes de Staline et de l’insurrection de Budapest, et au milieu de discussions orageuses à l’intérieur du PCF, il publia une Introduction à l’Histoire de la philosophie, dont la couverture reproduisait un portrait (rêvé) de Spinoza dessiné pour la circonstance par Picasso.
1957. Les agrégatifs de l’ENS de Saint Cloud lui demandent d’assurer des conférences pour les préparer au concours. Ils sont tous reçus. Jean-Toussaint Desanti sera quelques années plus tard titularisé comme professeur de philosophie à l’École et ne quittera cet enseignement que bien après sa nomination à Paris I (Sorbonne-Panthéon), intervenue en 1973.