1939-1943

La guerre est décla­rée en 1939. Jean-Toussaint Desanti est mobi­lisé comme soldat de deuxième classe.

1940 : Défaite, démo­bi­li­sa­tion. Les Desanti fré­quen­tent, rue Campagne Première, l’ate­lier où vivent Alix Guillain et le phi­lo­so­phe Bernard Groethuysen - qui révé­lera au jeune nor­ma­lien aussi bien Dilthey que Heidegger. Groethuysen était à l’époque conseiller lit­té­raire aux éditions Gallimard. Chez le couple, les Desanti se lient avec le phi­lo­so­phe Brice Parain, les poètes Francis Ponge et Jean Tardieu, et Jean Paulhan qui vient de démis­sion­ner de la « Nouvelle Revue Française ». C’est là aussi qu’ils ver­ront Eluard et Dubuffet, pein­tre alors rejeté, ainsi que Malraux et bien d’autres intel­lec­tuels de pre­mier plan.

En juin, ils enten­dent à la radio l’appel de De Gaulle, un Général dont ils igno­raient tout jusque là.

En octo­bre, ils se réu­nis­sent en un groupe d’étudiants et de cher­cheurs révo­lu­tion­nai­res, sans appar­te­nance pré­cise, qu’ils bap­ti­sent iro­ni­que­ment « le Zoo ». Ils conçoi­vent, ronéo­tent et dis­tri­buent un tract pério­di­que inti­tulé « Sous la Botte ».

Premier poste de délé­gué rec­to­ral au lycée Charlemagne, dans le Marais, où des élèves en fin d’année dis­pa­rais­saient sans préa­vis de la classe : c’étaient des élèves juifs.

En 1941, délé­gué rec­to­ral au lycée Rollin, un lycée ou ensei­gne également Daniel Decourdemanche, pro­fes­seur d’alle­mand et Résistant connu sous le nom de Jacques Decour. Sous ce nom et pour ses actes, celui-ci sera fusillé en 1944, à 34 ans. Une amitié le liait à Jean-Toussaint Desanti. Chacun savait que l’autre « fai­sait quel­que chose », mais ils n’en par­laient jamais. La même année, le « Zoo », par l’inter­mé­diaire de Maurice Merleau-Ponty, entre en contact avec Jean-Paul Sartre, rapa­trié sani­taire de son Stalag. Avec Sartre, Beauvoir et leurs amis, ils font paraî­tre « Socialisme et Liberté », de façon tou­jours arti­sa­nale.

En 1942, reçu à l’agré­ga­tion, Jean-Toussaint Desanti est nommé dans le nou­veau lycée, ouvert à Vichy, pour les enfants des fonc­tion­nai­res repliés dans la « capi­tale » de Pétain. Le couple pré­fère s’ins­tal­ler à Clermont-Ferrand. Bientôt contac­tés par une orga­ni­sa­tion de Résistance bap­ti­sée « Front National », clan­des­ti­ne­ment diri­gée par le Parti com­mu­niste, les Desanti s’occu­pent également du « Mouvement National contre le Racisme » (MNCR). Ils mènent une double vie, dont la partie clan­des­tine occu­pait la majeure partie de leur temps. Comme tous leurs cama­ra­des, ils « vivent un peu au-dessus d’eux-mêmes ». « Le risque très cons­ciem­ment accepté nous ren­dait le pré­sent plus joyeux et plein d’espoir un avenir que nous n’espé­rions pas attein­dre per­son­nel­le­ment. »

En 1943, ils adhè­rent sépa­ré­ment au PCF.