Il rencontre Dominique en 1937. En 1938, mariage à Paris.
— Jean-Toussaint Desanti : Ce que Freud dénomme l’« état amoureux » [...] est un état pathologique parce que c’est un état d’inquiétude et finalement d’agressivité face à l’autre.
— Roger-Pol Droit : Si je vous entends bien, l’amour doit résister à l’état amoureux ?
— Jean-Toussaint Desanti : A la pathologie de l’état amoureux. Absolument.
— Roger-Pol Droit : Il y a donc un amour possible sans état pathologique, ou qui ruse avec ?
— Jean-Toussaint Desanti : Qui ruse avec l’état pathologique possible. C’est une quête et un contrôle. On apprend ça. Ruser, ça apprend à préserver la relation inaugurale.1
Jean-Toussaint Desanti : « C’est donc à ce moment de ma vie que j’ai rencontré Dominique. Très vite, j’ai su que ce serait elle ou personne. L’année suivante, en 1938, nous nous sommes mariés. Elle était tout à fait contre le mariage. Moi, je n’étais pas non plus très pour. Seulement, son père ne supportait pas qu’elle sorte. Il fallait qu’à dix heures du soir elle soit rentrée, ce qui était vraiment très incommode. Alors, je lui ai dit : “On va se marier. Comme ça, tu seras émancipée, tu ne seras plus sous l’autorité paternelle. Et comme tu ne seras pas sous la mienne, tu seras toujours libre !” »2
Dominique Desanti : « Parmi mes étonnements, il y a aussi sa capacité à changer. Quand il a commencé à parler de vie commune, j’ai été très directe : “Il y a deux choses que je ne peux pas supporter, c’est le revolver sous l’oreiller et l’alcool.” C’était à la veille des vacances, de son départ en Corse pour deux mois. Il m’a répondu : “Il va donc falloir que je réforme mon entendement.” J’étais éberluée. Au bout d’un mois, une lettre : “J’ai réformé mon entendement.” C’est tout. A son retour, pas de discours. Il avait cessé de boire trop, et son arme n’a jamais reparu. »3