L’objet de ce séminaire est d’identifier la place de l’empirisme du XVIIIe siècle dans l’histoire du problème de la connaissance à l’âge classique, c’est-à-dire sous l’horizon ouvert par les développements de la mécanique et par la critique cartésienne de la logique. Souvent rabattu, par un effet du prisme humien, sur un scepticisme plus ou moins conscient de lui-même, l’empirisme des Lumières doit selon nous être compris dans la spécificité de ses diverses figures (on s’intéressera ainsi à une tradition franco-berlinoise, plutôt qu’aux auteurs de langue anglaise) et dans le dialogue technique qu’il entretient avec les grandes décisions théoriques de Descartes et de Leibniz, autant que de Locke et Newton. Cette perspective nous conduira d’entrée de jeu à mettre en question – et finalement à écarter – le concept d’épistémè, qui permet à Foucault de penser l’articulation des analystes empiristes avec l’histoire de la mathesis universalis, étant posé que nous essaierons en fin de compte d’identifier le lieu véritable d’une telle articulation. L’enquête mobilisera les exemples de plusieurs savoirs positifs (l’histoire naturelle, la musique, la mécanique rationnelle), afin de rendre lisible une position théorique privilégiant l’élucidation de la connexion effective des sciences par rapport à la recherche de leur origine.