Responsables : Sara Franceschelli et Jean-Claude Dupont (Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques, IHPST, Paris)
Le séminaire "Penser les interactions" étudiera les rapports historiques et épistémologiques et les influences réciproques entre la biologie et d’autres disciplines : essentiellement la physique d’une part, et la psychologie d’autre part, abordés par le biais de concepts situés à leur frontière (signaux, information, auto-organisation, images, mémoire…). À terme, il s’agit de rassembler des matériaux permettant de réfléchir à une épistémologie comparée, aux conditions matérielles et conceptuelles nécessaires à la constitution historique de domaines scientifiques transversaux (biochimie, biophysique, psychophysiologie…), et de rendre compte des difficultés et des limites d’une telle approche. Le premier thème choisi est celui de "signal".
En physique, un signal est défini classiquement comme la manifestation physique d’une grandeur mesurable véhiculant une information. Alors que la théorie du signal fournit le cadre mathématique nécessaire à la description des signaux et à la recherche d’une modélisation appropriée, le traitement du signal a pour objet leur élaboration ou leur interprétation techniques (modulation / démodulation). Le traitement de l’information fournit quant à lui un ensemble de concept permettant d’évaluer les performances d’un système de transfert d’information dont les signaux sont porteurs. Le signal est donc, en physique, au centre d’un réseau théorique et disciplinaire dense dont il conviendrait d’étudier précisément la construction historique.
Par ailleurs la biologie fait aujourd’hui de la notion de signal un usage très large (biologie cellulaire, génétique, embryologie, immunologie, endocrinologie, neurosciences, éthologie…). Le mot y a repris le sens de support physique (ou chimique, moléculaire ou autre) d’un flux d’information, élément que l’on introduit (situation expérimentale), ou qui s’introduit (situation naturelle) pour qu’un ensemble fonctionnel entre en activité.
Pourtant cet emploi dans les sciences du vivant se fait sans référence rigoureuse à la théorie de l’information et à la dimension mathématique originelle de son élaboration, mais sans non plus que soit reconnu explicitement le statut métaphorique de la notion. Cette importation du concept de signal en biologie se justifie-t-elle dès lors par un caractère heuristique, ou explicatif particulier ? Faut-il même parler d’importation, ou ce concept, comme celui d’information, constitue-t-il un cadre commun dans lequel les théories biologiques et physiques prirent forme ?
Le séminaire constitue donc une enquête sur les usages spécifiques que font les différentes disciplines du concept de signal. Le tableau dressé bien que non exhaustif, permettra de mieux en cerner l’épaisseur épistémologique et le rôle heuristique. L’emploi d’un terme commun suggère par ailleurs une parenté étroite entre communications physiques et biologiques (cellulaire et animale), dont il faut questionner la pertinence.
Chaque séance du séminaire comporte deux invités qui présenteront leurs résultats par des exposés qui devront révéler si possible le rôle de l’instrumentation et de l’expérience dans la construction de leur objet propre. Une discussion pourra alors s’engager entre physiciens, biologistes, philosophes, épistémologues, historiens des sciences. Nous espérons vivement, entre autres publics, la présence de doctorants mais aussi de ceux qui travaillent dans les Laboratoires et Instituts de nos conférenciers.
Séminaire mensuel, se déroulant le mercredi de 10h à 12h sur deux sites alternativement : ENS-LSH Lyon, salle F104) (responsable : Sara Franceschelli) et IHPST (responsable : Jean-Claude Dupont)
5 février (Lyon) Le traitement du signal comme branche à part entière de la physique ; Quelle mesure pour le traitement du signal ? Bernard Castaing (ENS Lyon) et Patrick Flandrin (ENS Lyon)
26 février (Paris) Mimétisme et signaux de l’éthologie Jean-Georges Henrotte (CNRS) et Jean-Louis Fischer (Centre Koyré)
26 mars (Lyon) Sur la théorie de l’information Jacques Ricard ( Université Paris VII, Institut Jacques Monod) et Jérôme Segal ( IUFM Paris, Centre Cavaillès)
2 avril (Paris) Les signaux aux origines de la vie Marie-Christine Maurel (Université Paris VI, Institut Jacques Monod) et Stéphane Tirard (Université de Nantes, Centre François Viète)
30 avril (Lyon) Signaux physiques, signaux biologiques, signaux physiques en biologie Emmanuel Farge (Université Paris VII, Institut Curie et IUF) et Alain Arnéodo (ENS Lyon)
21 mai (Paris) Le signal en embryologie Nadine Peyriéras (ENS Ulm) et Stéphane Schmitt (CNRS, Rehseis)