L’étude des pratiques scientifiques est, aujourd’hui et depuis une quinzaine d’années, une des préoccupations majeures de l’histoire et de l’épistémologie des sciences. L’ouvrage collectif édité en 1995 par Jed Z. Buchwald illustre, par exemple, quelques tendances et débats au sein de cette communauté. On y voit, comme le souligne Olivier Darrigol, comment « l’analyse des pratiques scientifiques s’est substituée à l’exégèse des connaissances produites, et comment la diversité et la complexité culturelle de ces pratiques est prise en compte ». L’impact de ces thèmes sur les pratiques de l’histoire des sciences ne cesse pas d’évoluer et il détermine une re-invention de telles pratiques, qui s’ouvrent à des questionnements de nature proprement ethnologique et anthropologique.
Si pour l’historien des sciences la question de la constitution d’une topologie des pratiques scientifiques devient légitime, qu’en est-il de la même question pour une épistémologie de la science actuelle ?
Ce séminaire se veut un atelier de travail autour de cette question, en se fixant comme contrainte majeure celle de la prise en compte des contenus disciplinaires sous-jacents aux pratiques des chercheurs considérés. Comment analyser du point de vue épistémologique les pratiques expérimentales et conceptuelles lors du travail quotidien des chercheurs en activité ? Quel est le dynamisme de la pensée scientifique en train de se constituer ? Est-il possible de le saisir ? Quels sont les "gestes", corporels et intellectuels, caractérisant le métier de chercheur ? Sont-ils spécifiques aux différentes disciplines scientifiques ? Comment se reconfigurent-ils lorsque des chercheurs provenant d’horizons différents se réunissent pour travailler sur des objets-frontière, à l’interface des disciplines ?
Des praticiens de l’histoire et de l’épistémologie des sciences, mais aussi des ethnologues, des philosophes et des chercheurs en activité sont invités à décliner ces questions à partir de leur propre expérience de recherche.
20 octobre, Introduction.
13 Novembre, "Spécificité des pratiques conceptuelles dans la physique du chaos déterministe : l’étude des attracteurs étranges", Sara Franceschelli (ENS-LSH).
27 novembre ,"Epistémologie de la pratique expérimentale : comment construire une image d’un réel invisible ?", Bruno J. Strasser (Institut for the history of medecine and health, University of Geneva).
11 décembre, "L’histoire conceptuelle", Jean-Claude Dupont (Université d’Amiens et IHPST, Université Paris I).
22 janvier, "Généalogie du concept d’inconscient cognitif dans la psychologie allemande
du 19e siècle", David Romand (Equipe Rehseis, CNRS & Université Paris 7).
12 février,"Le laboratoire virtuel : réussites et limites des simulations numériques enphysique de la matière", Pablo Jensen (CNRS-UMR 5586,Université Claude Bernard-Lyon1).
19 février,"Sciences, médias et variété : histoire comparée des pratiques de vulgarisation dans les médias et les expositions", Igor Babou et Joëlle Le Marec (C2So, ENS-LSH).
5 mars,"La culture nationale comme contexte : l’exemple de la chimie dynamiste allemande", Emmanuel Renault (ENS-LSH).
12 mars, Gérard Wormser (ENS-LSH), titre à préciser.
9 avril, "Qu’est-ce que la recherche en informatique ? ", Michel Morvan (ENS-Lyon et IUF).
14 mai, "Le problème des origines de la vie et la nécessité d’une approche pluridisciplinaire", Stéphane Tirard (Centre François Viète d’Histoire des Sciences, Nantes).
28 mai, discussion.