1944-1957

La Libération les pro­pulse dans l’éphémère mais pro­fonde agi­ta­tion sus­ci­tée par l’espoir de chan­ger la société. Pour les deux, acti­vi­tés de jour­na­lis­tes et de mili­tants. Jean-Toussaint Desanti ensei­gne en khâgne pen­dant une courte période au lycée de Clermont.

Jean-Toussaint Desanti est suc­ces­si­ve­ment pro­fes­seur de phi­lo­so­phie à Saint-Quentin (1945) et Chartres (1946), villes détrui­tes par les bom­bar­de­ments. En même temps, il conti­nue à tenir des réu­nions poli­ti­ques à peu près tous les soirs.

En 1948, Jean-Toussaint Desanti est nommé pro­fes­seur au lycée Lakanal... Retour à Paris.

La guerre froide (annon­cée par Churchill à l’uni­ver­sité de Fulton en 1946 : « un rideau de fer est tombé au milieu de l’Europe ») com­mence. Est et Ouest sont désor­mais sépa­rés. Le Parti com­mu­niste n’est plus seu­le­ment une force d’oppo­si­tion, mais une espèce de « contre-société » ayant ses lieux cultu­rels, son uni­ver­sité nou­velle, ses écoles de cadres, ses « batailles du Livre ». Le bloc sovié­ti­que a lancé le Mouvement de la Paix, pré­cédé en août 1948, à Wroclaw en Pologne, par un « Congrès mon­dial des intel­lec­tuels pour la paix et la libre cir­cu­la­tion des idées ». Pour faire com­pren­dre que le « réa­lisme socia­liste » s’appli­quait également à l’Occident (où le PCF avait pour mem­bres Picasso, Aragon, Eluard, Tzara, Francis Ponge), le chef de la délé­ga­tion sovié­ti­que traita Sartre de « hyène dac­ty­lo­gra­phe ». Jean-Toussaint Desanti n’ose refu­ser d’entrer au comité de rédac­tion de La Nouvelle Critique, revue de combat, dont le rédac­teur en chef inti­tu­lera l’un de ses arti­cles « Science bour­geoise, science pro­lé­ta­rienne ».

En 1950, l’insis­tance ami­cale et ferme de Gaston Bachelard obtient pour Jean-Toussaint Desanti un déta­che­ment de deux ans au CNRS. Mais il s’ennuie, et le contact des étudiants lui manque.

En 1952 il retourne aux clas­ses pré­pa­ra­toi­res du lycée Saint Louis.

Jean-Toussaint Desanti se par­tage dès lors entre l’ensei­gne­ment et l’acti­vité mili­tante. En 1956, l’année même du « rap­port secret » sur les crimes de Staline et de l’insur­rec­tion de Budapest, et au milieu de dis­cus­sions ora­geu­ses à l’inté­rieur du PCF, il publia une Introduction à l’Histoire de la phi­lo­so­phie, dont la cou­ver­ture repro­dui­sait un por­trait (rêvé) de Spinoza des­siné pour la cir­cons­tance par Picasso.

1957. Les agré­ga­tifs de l’ENS de Saint Cloud lui deman­dent d’assu­rer des confé­ren­ces pour les pré­pa­rer au concours. Ils sont tous reçus. Jean-Toussaint Desanti sera quel­ques années plus tard titu­la­risé comme pro­fes­seur de phi­lo­so­phie à l’École et ne quit­tera cet ensei­gne­ment que bien après sa nomi­na­tion à Paris I (Sorbonne-Panthéon), inter­ve­nue en 1973.