Marie-Paule Colonna, la mère de J.-T. Desanti (1889-1974), était originaire de Vico, village de la montagne corse. Elle y vivra jusqu’à son mariage en 1913. Elle est morte à Ajaccio à l’âge de 85 ans. Jean-Toussaint était son fils unique. Comme tous ses compatriotes, elle retournait régulièrement dans son village. Elle s’y est réfugiée avec son fils en 1918 pour fuir l’épidémie de grippe espagnole et attendre la démobilisation de son mari. Celui-ci mourra brusquement d’une attaque cardiaque à l’âge de 61 ans. À l’époque, Jean-Toussaint était normalien, rue d’Ulm. Il est parti précipitamment avec son coturne Pierre Boutang pour assister aux obsèques. Pour la première fois de leur vie, tous deux ont gagné Ajaccio en prenant l’hydravion à Marseille.
« Dans ma famille, on ne fêtait pas les anniversaires. Ma mère pensait que cela portait malheur. Célébrer le jour de sa naissance pouvait susciter le mauvais regard de quelqu’un, nous propulser « entre les mains du diable », toujours jaloux des bienfaits de Dieu. Mieux valait ne pas se vanter d’être né, ni s’en réjouir ouvertement. J’ai compris depuis que, pour elle, l’épaisseur d’un cheveu séparait la naissance de la mort et que tous les moyens étaient bons pour maintenir fermement ce cheveu-là... »3
Jean-François Marie Desanti, le père de J.-T. Desanti (1875-1936), ancien combattant de la guerre de 1914-1918, fut professeur de Lettres classiques au collège d’Ajaccio. Il faisait lire à son fils âgé de 9 ans le latin et le grec dans les textes classiques. Celui-ci a continué ces lectures sa vie durant.
Toussaint Desanti, le grand-père de J.-T. Desanti, était professeur de Lettres classiques. Il a notamment enseigné au collège de Cavaillon, où il eut comme élève Édouard Daladier (Président du Conseil, signataire des accords de Munich en 1938). Celui-ci racontait : « Monsieur Desanti usait d’une pédagogie très personnelle : il donnait des coups de règles sur le crâne pour faire pénétrer les règles de la grammaire grecque. » Nommé ensuite à Ajaccio, Toussaint Desanti a prononcé le discours de distribution des prix du collège Fesch.